J’ai toujours aimé le look de la famille Celestron des années 70. Un orange bien passé qui me rappelle la déco de ma chambre avec ma moquette de la même couleur. Durant des années, je n’ai aussi utilisé que ma Perl Halley orange et j’ai toujours trouvé les pubs de Celestron si attrayantes!
et aussi avec le 1er petit Mak de Celestron :
Que j’ai décidé de m’en trouver un!
Et c’est chose faite 🥰…
Le Celestron C90 Orange : la petite révolution californienne (1978–1986)
À la fin des années 1970, alors que la conquête spatiale inspire encore les foules, Celestron règne déjà sur le marché des télescopes grand public. La firme, fondée par Tom Johnson à Torrance, en Californie, est connue pour ses Schmidt-Cassegrain orange emblématiques, les C8 et C5.
Tom Johnson, l’ingénieur qui ne cherchait pas à faire des télescopes
Au départ, Johnson ne rêvait pas de construire des instruments. Il dirigeait une petite entreprise d’électronique à Torrance, et c’est en voulant offrir un télescope à ses fils qu’il tombe sur un casse-tête : les Schmidt-Cassegrain étaient réservés aux observatoires professionnels et coûtaient une fortune.
Là où quelqu’un d’autre aurait renoncé, lui s’est dit : « Je vais le fabriquer moi-même. »
L’invention décisive : la méthode pour courber la lame de Schmidt
Dans son garage (il se passait beaucoup de choses dans les garages à cette époque…), il met au point une méthode révolutionnaire pour fabriquer la lame de Schmidt, la lentille correctrice, en moulant le verre sur un gabarit (“Master Block”).
Ce procédé simplifie tellement la production qu’il devient possible, pour la première fois, de fabriquer des SCT de qualité en série.
En 1964, il fonde Celestron Pacific, qui deviendra ensuite Celestron tout court.
En 1978, Celestron décide de miniaturiser cette formule magique avec un nouveau venu : le C90, un petit Maksutov-Cassegrain de 90 mm destiné aussi bien à l’observation astronomique qu’à l’usage terrestre.
En fait, Celestron cherchait à proposer une alternative plus abordable au prestigieux Questar, ce petit Maksutov américain aussi réputé… qu’inaccessible pour la plupart des amateurs. C’est dans ce contexte qu’est né le C90 orange, conçu en Californie comme un instrument compact, solide et capable de tenir tête au “roi” du marché.
En effet, en 1978, un Celestron C90 coûtait environ 495 $, soit le tiers du prix d’un Questar 3,5″ de la même époque
Bien sûr, il n’avait pas les finitions luxueuses du Questar, mais il offrait une optique sérieuse, un tube léger et un prix beaucoup plus doux. Ce petit Maksutov est vite devenu l’un des symboles de Celestron : un télescope pensé pour accompagner l’observateur partout, sans sacrifier la qualité d’image.
Un télescope “made in California”
Contrairement aux productions plus récentes fabriquées en Asie, les C90 orange de cette époque sortent intégralement des ateliers Celestron de Torrance, Californie. Chaque exemplaire est assemblé, aligné et testé à la main. La monture mono-bras en faisait un instrument robuste, pensé pour durer. Le design orange vif du tube optique signait l’appartenance à la “famille” des Celestron classiques.
J’ai donc la version 2973, achetée en février 1984 à Saint-Quentin chez un opticien, car à l’époque, ils vendaient des instruments astronomiques.
Et justement, à partir de 1984, Celestron a modifié l’esthétique des tubes optiques de ses télescopes SCT, passant d’une peinture orange à une peinture noire.
Une optique Maksutov-Cassegrain compacte
Le C90 adopte une formule à miroir primaire mobile et ménisque correcteur, inspirée du Maksutov russe, mais adaptée à la production industrielle américaine. Sa focale nominale de 1000 mm (f/11) en faisait un instrument polyvalent : observation planétaire, terrestre, ou photographie avec les premiers reflex argentiques grâce à un simple adaptateur T.
Un instrument double usage
Celestron le présente alors comme un “Spotting Scope / Telescope”, capable de tout faire : ornithologie, observation astronomique, tir sportif ou photo. Cette orientation mixte explique certains choix de conception : un porte-oculaire 24,5 mm, un filetage photo 1/4″ au dos du tube et un système de mise au point interne, hérité des appareils photos (on reviendra dessus sur un prochain article de test du C90).
C’est aussi cette vocation “à tout faire” qui donnera plus tard sa réputation ambiguë au C90 : ni tout à fait télescope, ni tout à fait longue-vue, mais un compromis extrêmement ingénieux pour son temps.
Je pense que c’est l’un des télescopes les plus compacts au monde 😉
La fin d’une époque
Vers le milieu des années 1980, la production se déplace progressivement vers l’Asie. Le tube perd son orange emblématique, les matériaux changent, et les derniers exemplaires noirs “Made in USA” deviennent aujourd’hui très recherchés.
Le C90 orange, membre de la grande famille des C5, C8, C11 et C14, incarne une époque où Celestron fabriquait encore ses instruments avec une précision presque artisanale dans ses ateliers californiens. Avant la production de masse des années 2000, ces modèles symbolisaient un savoir-faire et une rigueur optique qui ont marqué toute une génération d’observateurs.
