Les corps flottants (myodésopsies) sont causés par de petites irrégularités à l’intérieur du vitré, le gel clair qui remplit la cavité de l’œil entre le cristallin et la rétine. On les voit bien à l’oculaire quand on regarde la Lune ou à très fort grossissement. Cela arrive aussi en journée au soleil quand on est fatigué.
Nature et origine

- Le vitré est composé à 98 % d’eau, maintenue en structure par un réseau de fibres de collagène et des molécules d’acide hyaluronique.
- Avec l’âge, ce réseau se désorganise progressivement : le gel se liquéfie par endroits (synérèse vitréenne).
- Des amas de collagène condensé ou de petites zones liquéfiées apparaissent, qui projettent une ombre sur la rétine.
- Ces ombres sont perçues comme des points, filaments, toiles d’araignée ou taches translucides.
Pourquoi on les voit mieux à l’oculaire ?

- Dans la vie courante, la lumière vient de toutes les directions et la pupille est relativement grande, ce qui dilue les ombres.
- En observation astronomique, surtout à fort grossissement, la pupille de sortie de l’oculaire tombe en dessous de 1 mm. L’œil reçoit alors un faisceau lumineux très étroit et parallèle, qui fait apparaître l’ombre avec beaucoup plus de netteté.
- Sur la Lune : son disque très lumineux et uniforme agit comme un fond clair, parfait pour faire ressortir les ombres internes de l’œil.
- Quand le fond du ciel est clair : par exemple en crépuscule, ou quand l’objet observé se détache sur un ciel légèrement voilé ou pollué par la lumière.
Mon calculateur vous indiquera la pupille de sortie par rapport à votre oculaire. Il faudra en tenir compte pour éviter les corps flottants.
Mobilité et perception
- Les corps flottants sont réellement en suspension dans le vitré et se déplacent très lentement avec les mouvements de l’œil.
- Comme le vitré est visqueux, le déplacement est retardé par rapport au mouvement oculaire, ce qui donne cette impression de “flottement” incontrôlable.
Peut-on éviter les corps flottants ?
On ne peut pas empêcher l’existence des corps flottants, car ils sont liés à la structure interne de l’œil et apparaissent naturellement avec l’âge ou la myopie.
En revanche, on peut réduire leur gêne en astronomie : éviter les grossissements trop poussés (qui réduisent excessivement la pupille de sortie), cligner régulièrement pour décaler les ombres, et faire des pauses afin de limiter la fatigue visuelle.
Ce qui fonctionne le mieux pour moi est de bouger rapidement les yeux dans toutes les directions quelques secondes. Ce qui ne fonctionne pas du tout c’est de me frotter les yeux (c’est pire)…

L’observation avec les deux yeux – jumelles ou tête binoculaire permet aussi au cerveau de “gommer” une partie du phénomène. Enfin, une bonne hygiène (hydratation, pauses, éviter la sécheresse oculaire) aide à rendre ces petites ombres moins envahissantes lors des longues sessions d’observation.

