Comme nous l’avons vu dans la revue de la Perl Halley 70, cette superbe lunette de 1985 excelle dans l’observation du ciel profond. Pour fêter les 40 ans de la mienne 🥳, je vous propose un petit voyage parmi les meilleures cibles à observer, que vous soyez en ville ou à la campagne. Nous verrons quelles cibles choisir selon le champ offert, quel oculaire privilégier, et comment tirer le meilleur parti de cette lunette vintage.

Avec son objectif de 70 mm et sa focale courte de 400 mm, la Perl Halley 70 est née pour le grand champ. En la passant au coulant 31,75 mm, on lui offre une seconde jeunesse : les oculaires Explore Scientific 62° et 82° par exemple, apportent une image lumineuse, confortable, et un vrai sentiment d’immersion. On va se baser sur ces 2 gammes d’oculaires qui ont un bon rapport qualité/prix.
Les atouts d’une 70/400 pour le ciel profond
La courte focale (f/5,7) offre un champ immense et une luminosité étonnante pour le diamètre. Ce n’est pas une lunette pour “grossir”, mais pour parcourir le ciel.
À noter que les oculaires d’origine, au format 24,5 mm, limitent beaucoup le champ de vision. À l’époque, c’était la norme japonaise, mais ces petits barillets ne permettent pas d’exploiter tout le potentiel optique de la Perl Halley 70.
Pour en tirer le meilleur parti, il est vivement conseillé de la convertir en 31,75 mm (1,25 pouce). Ce format, devenu standard, ouvre l’accès à une large gamme d’oculaires modernes à grand champ, notamment les Explore Scientific 62° et 82° qui transforment littéralement l’expérience d’observation.
J’ai même croisé un membre d’un club qui a poussé le bouchon jusqu’au format 2 pouces ! Quand je lui ai demandé pourquoi, il m’a simplement répondu : « qui peut le plus peut le moins ».
Avec un porte-oculaire de 35 mm, le gain reste symbolique : la lunette ne peut pas exploiter tout le diamètre utile des gros oculaires. Je vous déconseille donc cette solution qui ne fera que fragiliser le PO, déséquilibrer la lunette, sans apporter un gain en luminosité.
Les oculaires modernes 31,75 corrigent le champ et élargissent la vision : on se retrouve littéralement plongé dans l’espace, avec un confort d’observation inimaginable à l’époque de sa sort
Amas ouverts : le terrain de jeu idéal
Les Pléiades (M45)


Avec un Explore Scientific 20 mm / 62° (20×, champ réel ≈ 3,1°), l’amas entier est parfaitement cadré, entouré d’un fond de ciel profond. Les étoiles brillent d’un bleu pâle, et les principales forment un dessin presque tridimensionnel. La Halley est une des rares lunettes à englober l’amas et à lui rendre justice 😉
L’amas de la Crèche (M44)

Visible à l’œil nu, il devient superbe à 15× avec un 26 mm / 62° ou même encore le 20 mm. Des dizaines d’étoiles fines se détachent sur un fond velouté, avec une impression de relief caractéristique des bons doublets achromatiques. Le grand champ de la Halley est encore un avantage ici.
Le double amas de Persée (NGC 869 & 884)


Un classique du grand champ, le plus bel amas, mon préféré ;-). Avec un 8,8 mm / 82°, les deux amas sont visibles ensemble, leurs teintes légèrement différentes créant une sensation de profondeur.
Objets avec un ciel bien noir
M81 et M82 (Grande Ourse)

Ce duo galactique est l’un des plus beaux spectacles accessibles à une petite lunette. À 20× (oculaire 20 mm / 62°), les deux galaxies apparaissent ensemble, bien séparées, dans un champ d’environ 3°.
M81 montre un noyau brillant et une lueur ovale douce, tandis que M82, plus fine et allongée, tranche par son aspect filiforme. L’une est paisible, l’autre tourmentée — un contraste fascinant dans le même regard.
En augmentant le grossissement à 45× (8,8 mm / 82°), la structure de M82 se révèle mieux : une bande sombre traverse le centre, rappelant les turbulences internes de cette galaxie en plein sursaut d’étoiles.
La nébuleuse d’Orion (M42)
À 40× (10 mm / 62°), la structure en ailes se dévoile avec le Trapèze bien résolu. Les zones centrales montrent une teinte légèrement verdâtre. Avec un 8,8 mm / 82°, l’image devient immersive, presque photographique.
Les comètes

Conçue à l’origine pour accueillir le retour de la comète de Halley en 1986, la Perl Vixen 70/400 symbolise toute une époque d’enthousiasme astronomique. Cette petite lunette japonaise, compacte et lumineuse, a accompagné des milliers d’observateurs venus guetter le passage de ce visiteur mythique.
Son grand champ et sa clarté en font encore aujourd’hui une excellente compagne pour les comètes. Pour observer la chevelure et la queue dans leur intégralité, un oculaire de 20 mm à 62° révèle toute la beauté de ces astres éphémères. Peu d’instruments modernes achromatiques restituent avec autant de naturel cette impression de fragilité et de mouvement dans le ciel.
Mes oculaires que je recommande

Pour observer la majorité des objets du ciel profond, vous n’avez pas besoin d’une mallette d’oculaires. Je possède un ES 20 mm 62° et un ES 8,8 82°. Ce dernier est assez lourd, mais le porte-oculaire de la Halley 70 est assez costaud pour bien le maintenir. Comme la disponibilité des Explore Scientific est fluctuante, vous pourriez envisager d’autres possibilités.
Notez toutefois qu’un oculaire de 20 mm, aussi agréable soit-il pour les grands champs, peut montrer un peu d’astigmatisme sur les étoiles les plus brillantes. Ce léger défaut se remarque surtout sur des étoiles très brillantes, comme les Pléiades, où les points deviennent légèrement allongés vers le bord du champ.
Ce phénomène ne vient pas de l’oculaire lui-même, mais bien du design optique de la lunette. La Perl Vixen 70/400, avec son objectif achromatique court, présente une courbure de champ assez marquée. C’était un compromis classique des années 80 pour obtenir une image lumineuse dans un tube compact.
Heureusement, cet effet reste discret et n’enlève rien au plaisir d’observer : au centre du champ, les étoiles demeurent plus fines et piquées, parfaites pour la majorité des cibles du ciel profond.


